Le Nouvel An japonais et le O-zoni

bol de soupe en laque sur fond de granite

En Occident, l’année se termine par le réveillon de la Saint Sylvestre, qui est synonyme de célébrations en tout genre et de tenues de soirée. Chacun recherche la meilleure manière de passer et marquer ce dernier jour de l’année car après avoir fêté Noël, en famille pour la plupart, le 31 décembre est l’occasion parfaite pour se retrouver entre amis et s’amuser jusqu’au bout de la nuit, en se souhaitant la nouvelle année une fois minuit passé. Découvrez dans cet article les traditions japonaises du Réveillon, bien éloignées des nôtres !

Les traditions de fin d’année au Japon

Au Japon, aux alentours du 24 décembre s’organisent les bonenkai 忘年会, les “réunions pour oublier l’année”. Elles sont monnaie courante entre collègues, amis ou camarades de classe et visent à se détendre ensemble, autour d’un ou plusieurs verres, dans le but d’oublier l’année écoulée. La célébration du nouvel an, Shôgatsu 正月, s’étale sur plusieurs jours, du 1er au 5 janvier. Le réveillon ōmisoka 大晦日 se célèbre différemment et fait l’objet de nombreuses coutumes et traditions variées.

Jusqu’au 31 décembre, préparatifs du Nouvel An japonais

Le Nouvel An au Japon, oshōgatsu お正月, est la fête la plus importante au Japon et s’étend sur 5 jours, du 1er janvier au 5 janvier. Elle se prépare en amont, dès le 26 décembre et se célèbre surtout en famille. Les Japonais effectuent par exemple un grand nettoyage de leur intérieur, de leur bureau, et même des écoles : c’est le ōsōji 大掃除. Semblable à un rite de purification, ce nettoyage vise à clarifier l’esprit et à aider à commencer l’année du bon pied ! Toutes les pièces, l’intérieur des placards et les recoins poussiéreux sont ainsi nettoyés de fond en comble. On profite aussi des derniers jours de décembre pour écrire ses vœux sur des cartes et les envoyer pour qu’elles arrivent toutes le 1er janvier. Celles et ceux qui s’échangent les voeux avant le 31 décembre emploient l’expression Yoi Otoshi wo 良いお年を, littéralement  “passez une bonne année”. Ce n’est qu’après minuit, au 1er janvier, qu’on peut officiellement se souhaiter une bonne nouvelle année, avec la formule Akemashite Omedetou Gozaimasu 明けましておめでとうございます

Le 1er janvier au Japon

Une fois que minuit a sonné, c’est le moment d’aller en famille au temple bouddhique ou au sanctuaire shinto pour prier pour la santé et le bonheur, ainsi que pour tirer des omikuji, des prédictions écrites sur un morceau de papier, pour la nouvelle année. Ce rituel de première visite au temple est appelé Hatsumōde et il peut se faire le 31 décembre après minuit ou le 1er janvier au matin. Il est possible de consommer sur place le premier saké de l’année, le toso 蘇屠, préparé avec des herbes médicinales, afin de lutter contre les mauvais esprits.  Certains Japonais décident de le boire chez eux en famille. Enfin, il est aussi coutume d’admirer le premier levé du soleil, Hatsuhinode, qui est synonyme de bonheur. On donne ensuite des étrennes, otoshidama, aux enfants.

Au Japon, il existe différents rituels liés à la célébration de la nouvelle année. Les Japonais profitent de cette période pour se reposer et passer du bon temps en famille et c’est aussi l’occasion de déguster de délicieuses spécialités du Nouvel An !

Les repas traditionnels du Nouvel An japonais

Comme pour le reste de l’année, il existe de nombreuses traditions japonaises concernant les repas des fêtes de fin d’année.

Le soir du réveillon, après avoir nettoyé son logis et disposé les offrandes, les Japonais dégustent une soupe avec des nouilles soba. Nous vous avons précédemment expliqué que ces nouilles de sarrasin sont le symbole du Nouvel An. Manger des nouilles de sarrasin le soir du 31 décembre reste une tradition bien ancrée dans la culture japonaise.

3 boites à bento remplies de petits plats sur fond granite
Les bento du Nouvel An !

Les repas du 1er janvier au 3 janvier, selon la tradition, sont préparés à l’avance. En effet, autrefois il était interdit de cuisiner durant les 3 premiers jours de l’année appelés Sanganichi 三が日. Pourquoi ? Afin d’éviter tout accident, mauvais présage pour l’année à venir. Les familles préparent donc à l’avance des bentos qui peuvent être consommés à température ambiante et qui se gardent plusieurs jours. C’est le fameux, Osechi ryori ! Vous pouvez en savoir plus en lisant notre article : Osechi ryori : le bento du Nouvel AnDe plus, toute la famille se réunit spécialement pour le réveillon donc il est préférable d’en profiter pleinement au lieu de passer du temps en cuisine. Il est possible de le préparer soi-même, mais de plus en plus de magasins en proposent déjà tout prêts à des prix très divers. Ce bento japonais bien copieux s’accompagne avec le saké aux herbes médicinales et constitue la base du repas pour la nouvelle année.

Le o-zōni, la soupe du 1er janvier

bol de soupe en bois sur parquet avec barbecue japonais et fleurs en fond
L’Ozoni, un bouillon de légumes avec du mochi

Habituellement, le petit-déjeuner japonais est composé de riz, d’un plat principal, d’une soupe et de trois accompagnements. Nous l’avons évoqué dans notre article sur le goût de la nourriture japonaise. Mais pour le 1er janvier, la tradition est de consommer le o-zōni 雑煮 comme premier repas de la journée. Cette spécialité du Nouvel An est censée apporter le succès et un avenir brillant. Au XVᵉ siècle, les familles de samouraïs consommaient à l’origine du o-zōni pour reprendre des forces avant d’aller sur les champs de bataille. 

Le o-zōni est un bouillon avec des mochi, des gâteaux de riz, des légumes et de la viande. On l’apprécie car c’est un bouillon léger, mais bien nourrissant. Sa recette varie en fonction des foyers et des régions. La principale différence réside dans la préparation du bouillon. En effet, dans la région du Kantō (Tokyo et l’est du Japon), le bouillon est plutôt léger avec un bouillon dashi, auquel on ajoute du saké ou du mirin, de la sauce soja et du sel, alors que dans le Kansai (Osaka et l’ouest du Japon), on préfère un bouillon plus épais avec du dashi et du miso blanc. Il est bien évidemment possible de cuisiner un bouillon végétarien avec le dashi végétarien

Le mochi, la star du o-zōni

deux maillets en bois et fabrication du mochi
La tradition du mochi en famille ou dans les écoles

Une fois la base de bouillon obtenue, on ajoute le mochi, qui est un symbole de longévité. Le mochi peut être de forme carrée, ronde, et même grillé. On trouve facilement du mochi dans les commerces japonais mais certains aiment le préparer eux-mêmes. Le Mochitsuki est une tradition annuelle qui consiste à pilonner le riz à l’aide d’un gros maillet en bois pour réaliser le mochi. Ce rite s’effectue souvent lors de la célébration du Nouvel An. Pour réaliser le mochi à la maison, il vous suffit d’avoir de la mochiko, la farine de riz, et de l’eau.

 

 

Voici une petite recette :  Pour 300g de mochiko, ajouter 300 ml d’eau. 

  • Mélanger l’ensemble dans un bol à l’aide d’une spatule et recouvrir d’une assiette ou d’un film étirable.
  • Faire chauffer au micro-ondes pendant 1 min. 
  • Mélanger à nouveau, couvrir et faire chauffer au micro-onde pendant 1 min. 
  • Verser dans un tupperware et réfrigérer pendant 2 heures.
  • Sortir et couper le mochi en plusieurs petits rectangles. 
  • Disposer les rectangles dans une boîte en les espaçant et laisser au frigo pendant 1 à 2 jours. Ils seront ensuite prêts à l’emploi.

Après avoir réalisé vos mochi et les avoir grillés, vous pouvez ajouter au o-zōni des carottes, du radis, du tofu frit et des épinards. Il est possible de faire cuire du poulet directement dans le bouillon pour le parfumer davantage. Cette soupe est riche en nutriments avec des ingrédients faciles à digérer. Attention cependant à ne pas vous étouffer avec le mochi, fait qui arrive souvent au Japon, car le mochi a une texture particulièrement gluante et collante.

Nous espérons que vous passerez de très bonnes fêtes et nous vous souhaitons le meilleur pour cette nouvelle année 2023 ! 

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