Le Setsubun, ou l’arrivée du Printemps

Le Japon est LE pays des traditions. Après le Shōgatsu (正月) (Nouvel An japonais), les habitants préparent le Setsubun (節分), une fête nationale qui a lieu le 3 février et qui célèbre le début du printemps, avec le mythique lancer de haricots. Découvrez aujourd’hui les secrets et les origines de cette tradition millénaire.

Les origines

         Le Setsubun trouve ses racines dans une coutume chinoise ancienne, le tsuina, qui a été introduite au Japon au début du 8ᵉ siècle par les nobles de la cour impériale. Ce rituel consistait à exorciser les démons en lançant des haricots. Le terme Setsubun fait référence à « l’événement qui se déroule la veille du début du printemps pour accueillir la nouvelle saison en chassant les mauvais esprits ».

Otafuku tenant une boîte pleine de haricots, des démons s’enfuient, intitulé Oni wa soto, fuku wa uchi (Le démon à l’extérieur et la fortune à l’intérieur), de Shuga gafu no uchi

        À l’origine, il existait une cérémonie Setsubun pour chaque passage de saison, mais seule la célébration de la veille du risshun a résisté à l’épreuve du temps. En effet, le passage de l’hiver au printemps a toujours été considéré comme un moment charnière de l’année. Par ailleurs, les Japonais employaient diverses céréales pour cette cérémonie, notamment le riz, symbole de prospérité et d’abondance. Semer du riz apportait ainsi la chance et la promesse d’une récolte foisonnante. Cependant, au fil du temps, le soja est devenu l’ingrédient principal de cette fête. C’est ce soja, rôti et appelé fukumame, qui est désormais utilisé pour le traditionnel lancer de haricots. En effet, rôtir des haricots est perçu comme moyen d’éloigner les « mauvais yeux » ou les mauvaises influences.

 

L’Héritage du Setsubun

        Le Setsubun tel que les Japonais le célèbrent aujourd’hui s’est progressivement façonné durant la période Muromachi (1336-1573), avant de devenir une tradition profondément ancrée durant l’époque Edo (1603-1868), en grande partie grâce à un conte populaire dans lequel un démon (oni) est détruit par un lancer de haricots. Cette période est marquée par la croyance que les mauvais esprits sont plus présents lors des changements de saison, moments propices aux maladies. C’est ainsi que, chaque année, à la veille du début du printemps, on chasse les démons afin de se préparer à accueillir une nouvelle année plus prospère et chanceuse.

Avant l’événement, les magasins (en particulier les kombini) se remplissent de masques de oni et de paquets de fukumame prêts à être utilisés. De nombreuses personnes participent aussi à des festivités publiques, comme des défilés ou des danses, souvent dans les temples où l’on organise des événements spéciaux pour marquer l’occasion.

Les rituels du setsubun 


MAME-MAKI (LANCER DE HARICOTS) À LA MAISON

Le mame-maki est l’un des principaux rituels du Setsubun. Pour réaliser cette coutume, on se réunit en famille ou entre amis, et chacun prend part à l’action de jeter les haricots. Le rituel se déroule ainsi :

  1. On décide qui sera chargé de jeter les haricots (souvent un membre de la famille ou un ami jouant le rôle du démon, en portant un masque d’oni).
  2. À l’intérieur de la maison, on lance les haricots en direction de l’extérieur en prononçant « Oni wa soto! » (鬼は外!) « le démon à l’extérieur” 
  3. À l’extérieur de la maison, on lance des haricots à l’intérieur en disant « Fuku wa uchi! » (福は内!) « Que le bonheur entre ! ».

 

MAME-MAKI AU TEMPLE

 

Session de prière au temple lors du Setsubun

Tout d’abord, il y a une session de prière dans le hall principal du temple. Ces 30 minutes très solennelles sont rythmées par le son impressionnant d’un taiko (gros tambour japonais utilisé le plus souvent pour accompagner une musique rituelle religieuse) et les litanies (Prières où toutes les invocations sont suivies d’une formule brève récitée ou chantée.) des moines.

 

Jeter de haricots par les geishas et les religieux

Ensuite, les personnalités importantes ou représentantes de la région comme des geishas ainsi que des sumotori se placent en haut des marches, surplombant les visiteurs afin de lancer des fuku mame, ou littéralement « haricots du bonheur ». Au cours de ce rituel, une voix s’élève et répète « 鬼は外!福は内!Oni wa soto, fuku wa uchi ! », tandis que le public se presse autour de la plateforme pour tenter d’attraper et ramasser les précieuses graines.  

 

Il est coutume de manger un nombre de haricots égal à son âge, avec parfois un haricot supplémentaire pour représenter l’année à venir, dans le but de garantir santé et prospérité tout au long de l’année. 

 

Que mange-t-on lors du Setsubun?

 

En plus des haricots, d’autres aliments peuvent être consommés le jour de Setsubun. Ci-dessous, nous expliquons chaque aliment et la raison de sa consommation pendant le Setsubun.

  • L’Ehomaki

Ehomaki

Il s’agit d’un épais et long rouleau de sushi. À l’origine, il était principalement consommé dans la région du Kansai, mais sa consommation s’est aujourd’hui étendue dans tout le Japon, démocratisée suite à sa commercialisation industrielle par la chaîne de convenience store 7-Eleven. L’ehomaki traditionnel compte sept ingrédients dont chacun représente un des sept dieux du bonheur (Shichifukujin). Également appelé “marukaburizushi” (signifiant “maki mangé d’une traite”), il est de coutume de le manger en entier (il ne faut pas le partager sous peine de “couper” sa chance), et sans prononcer un seul mot. En effet, ce silence s’explique par la croyance japonaise selon laquelle parler pourrait attirer le malheur. Enfin, il faut s’assurer de le manger en étant tourné vers la bonne direction ! L’Eho est la direction annuelle synonyme de bonne fortune. La direction porte-bonheur est déterminée par le signe du zodiaque de l’année et change donc chaque année.  Pour l’année 2025, il s’agit de l’année du serpent, et il faut manger en direction du nord/nord-est !

 

Les 7 ingrédients d’un Ehomaki :

 

  1. Anguille (Unagi) : L’anguille est un symbole de persévérance et de force. Elle représente Ebisu, le dieu de la prospérité et des pêcheurs. Ebisu est souvent associé à la réussite dans les affaires et au bonheur familial.
  2. Omelette (Tamagoyaki) : L’omelette, douce et riche, symbolise la chance et la fertilité. Elle est associée à Daikokuten, le dieu de la richesse et de la prospérité. Il est aussi le patron des marchands et des agriculteurs.
  3. Concombre (Kappa) : Le concombre est habituellement ajouté pour sa texture croquante et sa couleur verte, qui symbolise la longévité et la santé. Il est lié à Hotei, le dieu de la joie, de l’abondance et de la santé. Hotei est souvent représenté avec un sac plein de trésors et est un symbole de bonheur matériel et spirituel.
  4. Gingembre mariné (Gari) : Le gingembre est ajouté pour son goût piquant et sa capacité à rafraîchir. Il symbolise la purification, la protection contre les mauvais esprits, et est lié à Fukurokuju, le dieu de la sagesse, de la longévité et de la chance.
  5. Radis Daikon : Ce légume racine est souvent utilisé pour sa texture et sa douceur, représentant la pureté et la protection. Il est associé à Jurojin, le dieu de la longévité et de la bonne santé.
  6. Champignons Shiitake : Ces champignons sont un symbole de longévité et de guérison. Ils sont associés à Benzaiten, la déesse de la musique, de l’art et de l’érudition. Elle est également liée à la prospérité et à la beauté.
  7. Fruits de mer ou autres ingrédients selon la région : Les fruits de mer (comme des crevettes ou du crabe) ou d’autres éléments peuvent symboliser la chance et la prospérité générale. Ils sont souvent liés à Bishamonten, le dieu de la guerre, de la fortune et de la protection.

 

  • Konnyaku

Dans certaines régions, il est d’usage de manger du konnyaku (Le konnyaku est de la pâte de konjac qui se présente sous la forme d’un bloc en gelée relativement solide) à des moments charnières de l’année, car il est considéré comme un aliment qui nettoie l’intérieur du corps. Le Konnyaku est également mangé au Setsubun pour se débarrasser d’impuretés accumulées dans le corps.

 

  • La Sardine 

Les sardines ont une forte odeur lorsqu’elles sont rôties, et on croyait que si la tête de la sardine était rôtie et mangée puis collée dans une feuille de houx et exposée à l’entrée, les démons prendraient fuite. Même si on voit moins souvent les têtes de sardine dans les villes et les immeubles d’habitation, on y consomme la sardine sous sa forme frite ou à l’huile.

 

  • Le Soba

Le Toshikoshi soba est consommé la veille du Nouvel An, mais comme le réveillon du Nouvel An avait à l’origine lieu à la même date que le Setsubun (veille du premier jour du printemps du calendrier lunaire), le soba y est encore parfois consommé.

 

 

 

  • Le Kenchin Jiru

Il aurait été fabriqué par un moine du temple Kenchoji dans la ville de Kamakura, préfecture de Kanagawa. Dans certaines régions, la soupe Kenchin est consommée à Setsubun comme un aliment qui porte chance.

 

 

 

 

Conclusion

En résumé, le Setsubun est bien plus qu’un simple lancer de haricots ; c’est un moment de purification et de renouveau, un moyen pour les Japonais de se préparer à l’arrivée du printemps tout en chassant les démons et en appelant la chance dans leurs vies. Ce rituel symbolique rappelle l’importance du cycle des saisons ainsi que le besoin de se purifier pour accueillir des jours meilleurs. 

Avec les produits Umami et notamment le riz spécial sushis et l’algue nori grillé vous pouvez réaliser un Eho-maki à la maison et vous attirer la bonne fortune ! Mettez-y ce qui vous fait envie comme des crevettes, à forte symbolique de chance, des crudités, etc. Nos sobas seront également parfait pour réaliser le toshikoshi !

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