A l’occasion du cinquième anniversaire du Matcha Café, nous vous proposons de découvrir l’histoire de la cérémonie du thé.
Saviez-vous que la cérémonie du thé a grandement participé à l’évolution des arts japonais et aux règles de politesse japonaises ?
La cérémonie du thé, d’où vient-elle ?
La cérémonie du thé, telle qu’elle est encore pratiquée de nos jours par les différentes écoles du thé, n’est pas celle qui vit le jour à l’origine. Elle s’est codifiée et les règles & principes qui la régissent ont évolué au fil du temps.
En japonais, la cérémonie du thé est désignée par plusieurs termes : “Chanoyu” (eau chaude pour le thé) ou “sadô” (la voie du thé). Bien plus qu’une simple dégustation de thé, le terme de voie du thé accentue bien l’idée que l’apprentissage des codes de préparation de la cérémonie du thé, et le développement spirituel qui l’accompagne, sont un apprentissage dans le temps.
Le thé aurait été introduit au Japon par un moine bouddhiste chinois, au cours du IXème siècle, où il devient populaire. On le buvait autrefois bouilli, mélangé avec du lait et des épices, et ce n’est qu’au XIIème siècle que le matcha apparait. Le matcha est un thé vert réduit en poudre qui est bu émulsionné avec de l’eau chaude. Le matcha fut d’abord utilisé par les moines bouddhistes lors de cérémonies, pour garder leur concentration lors des longues séances de méditation.
En effet, le matcha a des propriétés énergisantes et relaxantes. A l’inverse du café ou des boissons énergisantes qui libèrent la caféine qu’ils contiennent d’un seul coup, le matcha libère la caféine graduellement permettant un regain d’énergie tout au long de la journée. Il est donc parfait pour augmenter la concentration et combattre la fatigue.
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Vers le XIIIème, le pouvoir était dans les mains de la classe guerrière des samurai qui cherchait à se légitimer en pratiquant les arts autrefois réservés à l’aristocratie. La cérémonie du thé n’étant pas un art ancestral, mais bien un art nouveau, qui plus est venu de Chine (le summum du prestige), les guerriers pouvaient s’affirmer dans cette nouvelle voie pour montrer leur habileté sans être discrédités par les nobles rompus aux autres disciplines.
Au XVIème siècle, la consommation de thé se généralise à tous les niveaux de la société et le moine bouddhiste Sen no Rikyu, maitre de thé du shogun Oda Nobunaga, laisse un héritage important dans l’histoire de la cérémonie du thé, avec notamment les principes d’harmonie, respect, pureté et tranquillité. Ce sont d’ailleurs ses descendants qui vont fonder les principales écoles de thé, encore reconnues et actives de nos jours. Sen no Rikyu était pratiquant du courant wabi de la cérémonie du thé qui vise à la sobriété et la simplicité, comme expression de la beauté de la nature et du temps qui passe. Sen no Rikyu est originaire de Sakai : la ville du Kansai réputée pour les couteaux japonais où notre artisan aiguiseur nous affûte de superbes couteaux traditionnels uniques !
Les écoles principales de thé
Au Japon, trois écoles principales se partagent les enseignements de la cérémonie du thé. Les trois sont des descendantes de la famille Sen, issue de Sen Rikyu. Ces trois courants du thé sont l’Omotesenke, l’Urasenke et la Mushakojisenke. Les arrières petits fils de Sen Rikyu ont chacun bâti leur maison de thé et perpétué les enseignements du thé. Avec le temps, l’enseignement de chaque maison se modifia légèrement et des différences mineures sur la préparation, les ustensiles, sont apparues entre les différents courants de l’enseignement.
Comment se déroule la cérémonie du thé japonaise ?
Si la cérémonie du thé est à l’origine l’occasion d’apprécier le moment présent, de se laisser envahir par la sérénité du lieu et même de méditer, elle est très codifiée aussi bien pour l’hôte que pour les invités. Les apprenants s’exercent assidûment et il faut des années pour appréhender correctement les codes de la cérémonie. Selon les différents courants établis par les écoles de thé, la manière d’utiliser les ustensiles notamment varie. La cérémonie comporte également des étapes différentes en fonction de la préparation d’un thé léger ou fort, et de si elle est précédée d’un repas.
Voici le déroulé global d’une cérémonie où l’on déguste un thé léger :
Tout d’abord, le maître de cérémonie porte un kimono traditionnel. Les invités peuvent venir vêtus ou non de kimono. Tous les kimono ne sont pas recommandés, on privilégie le 訪問着 (hômongi), le kimono dit de visite, où le motif descend des épaules jusque sur les manches et se retrouve aussi sur les jambes.
La cérémonie du thé peut avoir lieu dans une pièce spécialement aménagée de la maison ou du jardin et elle se pratique généralement sur des tatami. Les familles les plus aisées ont aménagé des jardins paisibles que l’on peut apercevoir depuis la chambre de thé. Les maisons de thé ou les temples ont également bien souvent des jardins et parfois des pavillons de thé, petites pièces conçues spécialement pour cet effet. L’idée est d’apporter calme et sérénité.
Le maître de cérémonie commence par saluer ses invités puis à mettre en place les différents ustensiles qui lui serviront à préparer le thé. Il nettoie la boite de thé et le chasoku qui sert de cuillère à l’aide d’un carré de soie, fukusa. Puis, il lave le bol chawan avec de l’eau et vérifie le bon état du chasen, le fouet à matcha en bambou. Le bol est ensuite essuyé à l’aide d’un tissu blanc, chakin.
Chaque convive sera servi l’un après l’autre et utilisera en principe le même bol. Une pâtisserie sucrée est servie à chaque convive qu’il doit déguster sur un papier spécial qu’il aura ramené. Le sucré de la pâtisserie vise à compenser l’amertume du thé.
Pour la préparation, le maître de thé dépose à l’aide du chasoku 2 cuillères de matcha dans le bol. Il ajoute ensuite l’eau chaude à l’aide du hishaku puis émulsionne le thé avec le fouet en bambou chasen. Une fine mousse apparait et le thé obtient une texture onctueuse. Le chasen est déposé avec un peu de mousse dessus pour montrer la texture bien mousseuse du matcha et le bol est présenté au premier convive.
Le bol est déposé avec la face avant en direction du convive. C’est la plus belle face du bol, généralement celle qui comporte le motif. Avant de boire, l’invité salue le second convive puis il lève son bol en direction du maître de thé pour lui signifier son respect. Il tourne ensuite le bol deux fois dans le sens des aiguilles d’une montre afin que la face avant qui lui a été présentée se retrouve à l’opposé de sa bouche.
On déguste ensuite une première partie du thé, une deuxième et enfin une dernière fois en faisant un peu de bruit d’aspiration pour montrer que l’on a fini. Le convive tourne le bol encore une fois afin de le remettre dans sa position initiale et le dépose délicatement devant lui.
Le maitre de thé remercie ce convive, reprend le bol et réitère les étapes pour le prochain convive. Les invités sont positionnés par ordre d’importance, le premier servi étant l’invité d’honneur.
A la fin de la cérémonie, l’hôte nettoie les ustensiles dont il s’est servi et les présente aux invités, notamment le bol, afin qu’ils puissent les admirer. Ces derniers doivent marquer leur intérêt en regardant ostensiblement les pièces.
On compte de nombreux ustensiles spécifiques à la préparation du thé. Voici les principaux :
- Le chakin : un petit morceau rectangulaire de toile blanche qui sert à nettoyer le bol.
- Le fukusa : un carré de soie qui sera lui utilisé pour nettoyer symboliquement l’écope et la boite de thé, ainsi que, dans certains cas, pour manipuler le couvercle de la bouilloire.
- Le hishaku : la longue louche en bambou qui permet de manipuler l’eau.
- Le chawan : c’est le bol à thé qui sera utilisé par tous les convives. Il est un des éléments essentiels de la cérémonie et le design des bols est très varié ! La forme, la taille et les décors changent en fonction des saisons et de la préparation du thé fort ou léger. Ainsi, en hiver, on privilégie un chawan plus haut et profond afin de garder la chaleur du thé, et à l’inverse, on choisit un bol moins profond en été pour permettre au thé de refroidir plus vite. L’esthétique change également : des momiji, feuilles d’érable pour l’automne par exemple, des bols épurés et d’apparence rustique pour représenter l’esthétique “wabi-sabi”, des bols cassés et réparés avec de la poudre d’or, etc.
- Le natsume ou cha-ire : la boîte où est conservé le thé matcha. Le natsume est laqué, il a une forme haute et arrondie avec un couvercle plat, qui rappelle le fruit jujube d’où il tire son nom. Le cha-ire est quant à lui en céramique, plus grand et étroit. Le cha-ire est plutôt utilisé pour le thé épais et le natsume pour le thé léger.
- Le chashaku : cette pièce de bambou sert de cuillère pour doser le matcha et le déposer dans le bol.
- Le chasen : le fameux fouet en bambou qui permet d’émulsionner le matcha. Vous pouvez retrouver des chasen en bambou sur notre site internet.
Les Matcha Café et Matcha Café To Go vous proposent en plus du thé matcha impérial Umami, des bols à matcha chawan dans l’esthétique épurée wabi-sabi, ainsi que les ustensiles nécessaires, le chasen et le chasoku.
Découvrez sur notre Instagram comment réaliser chez vous un thé matcha impérial comme dans la cérémonie du thé grâce à une jolie vidéo de Laure la fondatrice du matcha Café.
Vous pouvez découvrir le déroulé d’une cérémonie du thé sur youtube et notamment sur la chaîne de la Maison de la Culture du Japon : cérémonie du thé MCJP
L’esthétique japonaise “wabi sabi”
On avait déjà évoqué ce concept lors d’un article sur la contemplation des fleurs de cerisier sakura. Le wabi sabi est un concept hérité du zen qui vise à trouver la beauté dans les objets rustiques du quotidien où le temps a fait son œuvre. Le wabi c’est la recherche de la satisfaction dans l’incomplet, et le sabi, c’est déceler la beauté naturelle des choses passées, vieillies.
Si autrefois l’esthétique de la cérémonie du thé était plus exubérante avec des pièces richement ornées, elle a évolué vers une esthétique wabi-sabi plus épurée, notamment grâce à la bourgeoisie qui était soumise à des lois somptuaires limitant l’achat de matériaux et pièces précieuses. En opposition aux guerriers, ils mirent l’accent sur la sobriété, l’humilité, l’imperfection, etc. Les objets autrefois richement ornés devinrent plus rudimentaires, des objets usés par le temps, voire cassés et réparés selon la méthode kintsugi avec de la poudre d’or. Ils ont complètement redéfini le concept du beau et désormais les ustensiles les plus épurés peuvent coûter très cher !