Yachimun, la poterie d’Okinawa

La poterie Yachimun est bien plus qu’un simple objet utilitaire : c’est le reflet d’une culture, d’un art de vivre et d’un savoir-faire ancestral venu d’Okinawa. Le mot Yachimun signifie simplement « poterie » en dialecte okinawaïen, mais derrière ce terme se cache une tradition riche de plusieurs siècles, où chaque pièce raconte une histoire.

Les origines et la naissance du Tsuboya-yaki

La poterie d’Okinawa, appelée yachimun, n’est pas juste un objet : c’est une tradition qui raconte l’histoire de l’archipel et de ses habitants. Avant 1879, Okinawa formait le royaume indépendant des Ryûkyû, célèbre pour ses échanges commerciaux avec la Chine, la Corée et d’autres pays d’Asie du Sud-Est. 

Dès le XIIe siècle, des poteries venues de l’étranger arrivent sur l’île, et entre le XIVe et le XVIe siècle, les Ryûkyû deviennent un véritable carrefour pour la poterie asiatique, en adoptant et adaptant les techniques et motifs des pays voisins.

En 1609, après l’invasion des Ryûkyû par le domaine Satsuma (aujourd’hui la préfecture de Kagoshima), le commerce extérieur diminue fortement. Pour soutenir l’artisanat local, le roi Shô Tei fait venir trois potiers coréens.

Poterie « arayachi »

Ils enseignent aux artisans locaux des techniques qui donnent naissance à l’arayachi, une poterie rustique et simple utilisée pour des poteries telles que des pots pour le miso, des cruches à saké ou à eau et de grands récipients. 

Poterie « jôyachi »

Plus tard, d’autres techniques importées permettent la création du jôyachi, une poterie qui se prête à une décoration plus élaborée, utilisant des émaux colorés et des motifs variés pour des poteries utilisés quotidiennement, tels que des bols, des assiettes et des vases, des services à thé et saké; une technique qui reste aujourd’hui le style principal du Tsuboya-yaki.

En 1682, le gouvernement royal rassemble plusieurs fours dispersés sur l’île – le four de Chibana à Misato, celui de Takaraguchi à Shuri et celui de Wakuta à Naha – pour les regrouper dans le village de Tsuboya. C’est là que naît le Tsuboya-yaki, le style le plus célèbre du yachimun.

Les artisans y bénéficient d’un soutien particulier : certains sont élevés au rang de samouraïs, d’autres reçoivent terres et fours. Ils fabriquent alors des ustensiles pour la vie quotidienne, des objets pour les cérémonies royales et des pièces destinées à l’exportation, comme des contenants pour l’awamori, l’alcool local, ou pour les produits de la mer.

Renaissance et usage contemporain

Coupe à saké en grès par Kinjô Jirô

Malgré cette richesse, le Tsuboya-yaki traverse des périodes difficiles. Après l’annexion de Ryûkyû par le Japon en 1879 et la fin du soutien royal, les poteries locales subissent la concurrence des produits bon marché venus du Japon continental. C’est le mouvement Mingei, au début du XXe siècle, qui redonne vie à l’artisanat. Des figures comme Yanagi Sôetsu valorisent la beauté des objets faits main pour la vie quotidienne et font connaître le yachimun dans tout le Japon. Le potier Jirô Kinjô, reconnu en 1985 comme premier Trésor National Vivant d’Okinawa, incarne cette renaissance et le maintien d’un savoir-faire vivant.

Le four communautaire du Yomitanzan-yaki (nippon.com)

Aujourd’hui, le yachimun se fabrique encore à Tsuboya mais aussi à Yomitan, et plus particulièrement dans le hameau Yachimun-no-sato (littéralement “le village du yachimun”), où de grands fours communautaires permettent à de nombreux artisans de créer et d’innover. L’artisanat s’est diversifié : le Koga-chi-yaki et le Kina-yaki sont connus pour leurs formes robustes et leurs émaux sombres, tandis que les poteries des îles périphériques comme Yaeyama-yaki ou Ishigaki-yaki se caractérisent par des textures et couleurs uniques. 

La poterie Yachimun chez Umami 

Umami a récemment accueilli une toute nouvelle gamme d’art de la table, directement inspirée des motifs d’Okinawa ! Retrouvez l’ensemble des nouveautés sur notre site

Motifs « Tenda »

Cette assiette à pâtes et rectangulaire, cette coupelle, ce bol à nouilles et ce repose-baguette, délicatement façonnés dans la tradition de la céramique de Mino, apportent une touche artisanale à votre table. Ils sont décorés du motif “Tenda”, dont les pois irréguliers et délicats rappellent la simplicité élégante du fait-main.

 

 

 

Motifs « Momomaru »

Cette assiette à pâtes et rectangulaire, cette coupelle, ce bol à nouilles et ce repose-baguette, délicatement façonnés dans la tradition de la céramique de Mino, apportent une touche artisanale à votre table. Ces pièces arborent un fond bleu profond, rehaussé du motif « Momomaru » : des cercles blancs en léger relief, dont les formes arrondies suggèrent douceur et convivialité.

 

 

Motifs « Karakusa »

Cette assiette à pâtes et rectangulaire, cette coupelle, et ce bol à nouilles délicatement façonnés dans la tradition de la céramique de Mino, apportent une touche artisanale à votre table. Ils sont décorés du motif traditionnel “Karakusa”, dont les arabesques symbolisent croissance et longévité.

 

 

 

Conclusion 

Que ce soit pour un repas, un thé ou comme objet décoratif, le yachimun continue d’apporter dans la vie quotidienne la chaleur et l’authenticité d’Okinawa, tout en perpétuant un artisanat qui relie le passé au présent. Entre techniques ancestrales, motifs colorés et formes généreuses, chaque pièce raconte l’histoire d’un royaume ancien devenu l’île moderne que l’on connaît aujourd’hui.

1 commentaire

  1. Quel magnifique article, merci ! On sent vraiment tout l’héritage culturel derrière le yachimun, bien plus qu’une simple poterie décorative. J’ai adoré découvrir l’histoire du Tsuboya-yaki et des différents styles issus des Ryûkyû — c’est fascinant de voir comment ces influences venues de Chine, de Corée ou encore du Japon continental se sont mêlées au fil des siècles pour créer une identité si unique.

    Les pièces présentées, surtout les motifs Tenda, Momomaru et Karakusa, donnent vraiment envie d’apporter un peu d’Okinawa à la maison. C’est beau, vivant, et on ressent la main de l’artisan. Merci pour cette plongée dans un savoir-faire méconnu mais tellement riche !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *