À la découverte de la céramique japonaise avec Umami Paris

Assortiment de porcelaine japonaise sur étagères en bois

La céramique japonaise, parmi les plus anciennes du monde, témoigne d’une richesse culturelle et artisanale profonde. L’art de la céramique, désigné par le terme “Tôgei”, a connu un développement remarquable à travers les âges, façonnant l’identité artistique du Japon.

Histoire et styles régionaux de la céramique

Les premières traces de céramique remontent à l’époque Jômon (approximativement 13 000 – 300 av. J.-C.) et se poursuivent à l’époque Yayoi (approximativement 300 av. J.-C. – 300 ap. J.-C.). Les techniques de cuisson évoluent, avec l’apparition des fours en forme de tunnels “anagama” sur les flancs des collines. Ces fours, toujours utilisés de nos jours par certains artisans potiers, sont emblématiques de la tradition céramique japonaise.

L’introduction du vernis des céramiques, provenant de Chine durant l’époque Heian, apporte de nouvelles nuances de couleurs, notamment le vert, ainsi que des motifs plus simples. L’émergence de styles régionaux comme la céramique non vernissée des “six fours” Rokkoyo, comprenant Shiragaki, Tamba, Bizen, Tokoname, Ecihizen et Seto, devient populaire pendant l’ère Kamakura (1185-1333), marquant une diversification de la production céramique.

La céramique japonaise devient étroitement liée à des pratiques culturelles telles que La cérémonie du thé japonaise, influençant le développement des formes et des couleurs. À l’époque Sengoku (1477 – 1573), la simplicité et la sobriété des poteries reflètent l’influence du bouddhisme, se démarquant des styles plus ornés de la céramique chinoise.

Rokkoyo, les six centres de céramique

La naissance des six fours traditionnels, Rokkoyo, date de l’époque Heian (794 -1185). Ces six fours comprenent Bizen, Seto, Tokoname, Echizen, Tamba, et Shiragaki, et constituent les plus anciens centres de poterie, conservant encore à ce jour leur activité.

 

La céramique de Bizen

Pièces de céramique japonaise traditionnelle
Céramique de Bizen

Originaire de la préfecture d’Okayama, est réputée pour sa simplicité brute et son lien profond avec la nature. Caractérisée par une absence de vernis et une cuisson dans des fours à bois, cette poterie tire sa beauté de la terre elle-même. Les pièces de Bizen présentent souvent des traces de cendres et des variations de couleur subtiles, allant du gris au bleu clair et créant des motifs uniques. Ce style de céramique, également connu sous le nom “d’imbe”, trouve ses origines dans des techniques importées de Corée à l’époque médiévale. Les formes sont souvent simples et épurées, mettant en valeur la texture naturelle de l’argile et les nuances de couleur, créées par la cuisson au feu de bois. La céramique de Bizen est largement utilisée dans la cérémonie du thé, où sa rusticité et son authenticité sont particulièrement appréciées.

 

La céramique de Seto

Elle provient de la ville du même nom,  située dans la préfecture d’Aichi, au centre du Japon. C’est l’un des centres de production de poterie japonaise les plus renommés. La céramique de Seto a une histoire de plus de 1 000 ans et la région produit non seulement de la céramique, mais également de la porcelaine et de la faïence fine. Une des caractéristiques principales est l’utilisation d’une grande variété d’émaux. À l’époque médiévale, Seto était le seul centre de poterie au Japon à utiliser des émaux. La poterie émaillée, connue sous le nom de ko-seto, a notamment eu un impact significatif sur le développement des bols à thé au Japon. Au cours de ses 1 000 ans d’histoire, de nombreux styles ont vu le jour comme celui des pièces akazu qui utilise pas moins de 7 types différents de glaçures et 12 techniques de décoration. On retrouve aussi la porcelaine sometsuke (bleu et blanc) aux coups de pinceau élégants, avec des motifs de paysages, d’oiseaux, de fleurs et de plantes. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’industrie de la poterie de Seto a été stimulée par les exportations, et un nouveau style est apparu, particulièrement utilisé pour la fabrication de poupées et figurines en céramique.

Assiette en faïence fine japonaise blanc et vert
 Assiette faïence fine Setoyaki “Oribe”

La production d’articles aussi divers est possible grâce à l’abondance de kaolin et de pierre de porcelaine de haute qualité dans les carrières d’argile de la ville. Ces matériaux deviennent blancs lors de la cuisson et permettent donc de produire de belles couleurs de glaçures. Ils ont conduit dans la région à un large progrès de divers types de glaçures. Dans la gamme Umami, vous pourrez par exemple découvrir des céramiques avec une glacure oribe. Ce nom fait référence à son principal défenseur, Furuta Oribe. Le vernis oribe utilise du sulfate de cuivre, qui en fonction de la cuisson agira comme pigment vert ou rouge. Cette glaçure, ainsi que celle au fer donnant des teintes jaunes, ont été portées au 17ème siècle jusqu’à Mino, dans la préfecture de Gifu.

Par ailleurs, Seto est également reconnue pour ses décors. Les potiers appliquent diverses techniques de décoration, allant de la peinture avec des pigments à la gravure et au collage d’argile, en passant par la déformation ! Cette grande variété de techniques d’émaillage et de décoration, issues d’une tradition millénaire, a fait de Seto un des hauts lieux de la céramique au Japon et dans le monde.

 

La céramique de Tokoname

 
Theière tradtionnelle japonaise kyusu en grès sur fond gris
Théière traditionnelle kyusu en grès Tokonameyaki

Tokoname, un autre berceau de la céramique, est une ville située près de l’aéroport de Nagoya.  Appelée “cité rouge” en raison de sa terre particulière, elle concentre une production importante de céramique, appelée Tokoname Yaki. L’utilisation de céramique et porcelaine était assez répandue chez les habitants à l’époque Héian (794 -1185). Plus tard, avec le déploiement de la cérémonie de thé et des accessoires de thé, la production de la ville de Tokoname s’intensifia.  C’est donc depuis cette ville que transitait le plus d’exportation de céramiques, à travers tout le Japon. La terre de Tokoname est de couleur rouge, car elle est riche en fer, et servait traditionnellement à la fabrication de vases pour l’arrangement floral, l’ikebana. D’inspiration chinoise, elle est aujourd’hui reconnue pour son excellence et sa haute qualité dans la fabrication de théière traditionnelle japonaise kyusu en forme de poêlon avec un manche et un bec verseur. Grâce à la cuisson à haute température, les objets en terre de Tokoname n’ont pas besoin d’émail, et gardent relativement bien la chaleur.

 

La poterie Echizen

La poterie Echizen, ou Echizen-yak, est originaire de la ville d’Oda, dans la préfecture de Fukui, au nord de Kyoto.  Elle s’est développée à la moitié de la période Heian (794-1185). La porterie Echizen se caractérise par une cuisson lente ainsi qu’une glaçure naturelle, notamment reconnaissable par sa couleur noir métallique.  En effet, à l’époque, les pièces ne présentaient aucun émail et lors de la cuisson, les cendres de bois de chauffage se déposaient sur la surface des pièces, produisant ainsi de magnifiques motifs verts. La terre étant dure et résistante à l’eau. Les objets étaient surtout des récipients pour l’eau, des coupes de saké ainsi que pour préserver les teintures naturelles comme l’aozome, la teinture à l’indigo, qu’on vous avait présenté dans notre article ” Aola et la teinture à l’indigo“.

 

La céramique de Tamba

Également connue sous le nom de Tamba-yaki, la céramique de Tamba a été développée à proximité des villes de Kyoto et Osaka, à la fin de la période Heian. Utilisant les mêmes procédés de cuisson que les céramiques d’Échizen et de Tokoname, la céramique de Tamba se caractérise par sa glaçure naturelle obtenue à partir des cendres du bois de chauffage. Cette glaçure, associée à des formes simples et des couleurs sobres, donne aux pièces de Tamba une esthétique intemporelle et élégante. Principalement composée de jarres, de vases et de carafes à saké, la céramique de Tamba incarne la simplicité raffinée et la fonctionnalité élégante qui sont au cœur de l’artisanat japonais traditionnel.

 

La céramique de Shiragaki

Sculptures de tanuki en céramique japonaise
Céramique de Shiragaki

La céramique de Shiragaki, originaire de la préfecture de Shiga, remonte à la période Heian et est réputée pour sa terre riche en silice. Cette variété de céramique est appréciée pour sa rusticité et son caractère organique, avec des formes simples et des motifs irréguliers qui reflètent la beauté de la nature. La céramique de Shigaraki est souvent utilisée pour fabriquer des pots de fleurs et des objets de jardinage, en raison de sa résistance aux intempéries et de sa durabilité. Les pièces de Shigaraki sont cuites à des températures élevées dans des fours à bois traditionnels, ce qui donne à la terre une couleur distinctive et une texture rugueuse. Les potiers de Shigaraki utilisent une variété de techniques de décoration, allant de la peinture à la gravure, en passant par la déformation, pour créer des pièces uniques et originales qui capturent l’essence de la nature japonaise.

La porcelaine d’Arita

Selon la légende, en 1616, un potier coréen aurait découvert un minerai blanc sur le mont Izumi, à Kyushu, qu’il aurait réussi à modeler et à cuire en une première pièce de porcelaine. Après cela, bon nombre de fours à poterie ouvrirent dans la zone, et une grande variété de styles furent produits. La matière première utilisée pour cette porcelaine emblématique est une terre blanche, dure et non poreuse, contrairement à la terre glaise utilisée pour les faïences. Depuis sa découverte, quasiment toute la montagne Izumi a été minée, au point de disparaitre après plus de 400 ans d’histoire. C’est pourquoi, à partir de la période Taisho (1912-1926), des pierres d’autres régions telles que celles d’Amakusa, dans la préfecture de Kumamoto, ont été utilisées pour produire 99% de la porcelaine d’Arita.

Pendant la période Edo (1603-1868) de nombreuses pièces ont été exportées depuis le port d’Imari via la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales basée à Nagasaki. Durant plus d’un siècle, les porcelaines d’Arita furent massivement exportées en Europe et se firent connaitre sous l’appellation « porcelaine d’Imari». Le style prédominant comportait donc des pièces avec un sous-émail bleu, un sur-émail rouge et or, et des tracés noirs. Les motifs, floraux notamment, recouvraient majoritairement l’objet. Ce style devint tant populaire qu’il fut copié par les Européens et les Chinois.

Focus sur une assiette en porcelaine colorée
Porcelaine d’Arita

La particularité de la porcelaine d’Arita est ainsi un travail de l’émail très précis, avec des couleurs vives. Après que le sous-émail a été appliqué et que la pièce ait été précuite une première fois, elle est peinte avec des émaux colorés. Ce processus complexe inclut des tracés et des ombrages. Après l’émaillage, la porcelaine d’Arita est cuite à plus de 1300°C pendant 12h. Cela va figer l’émail sur la terre et la rendre plus solide pour pouvoir l’utiliser comme objet du quotidien.

On distingue alors deux types majeurs de porcelaine : le type brut, simple, témoignant de l’essence du wabi-sabi, et les porcelaines aux formes recherchées et plus colorées.

Au 17ᵉ siècle, avec le développement du commerce international, la production de porcelaine augmenta fortement, alimentée par l’intérêt grandissant des Européens pour la porcelaine blanche et bleue. Par la suite, l’occidentalisation a permis le développement des arts et de l’artisanat.

 

D’autres styles de céramiques

En plus des styles de céramique précédemment mentionnés, le Japon abrite une multitude d’autres traditions céramiques riches en histoire, en artisanat et en esthétique. Parmi ces styles, le Mino Yaki, le Kutani Yaki et le Hasami Yaki se distinguent par leurs techniques distinctives, leurs motifs variés et leur contribution significative à l’art et à la culture japonaise. Chacun de ces styles témoigne de la diversité et de la créativité de l’artisanat céramique japonais, tout en offrant un aperçu unique des traditions régionales et des influences historiques qui ont façonné ces formes d’art uniques.

 

La céramique de Mino

Bol blanc avec bord bleu sur fond gris
Bol à matcha céramique Minoyaki “Fuyu”

La céramique de Mino aurait une histoire vieille de plus de 1 300 ans. Son origine remonterait à la période Kofun du 5ème siècle, lorsque les tours de potier et les fours furent importés de Corée. À cette époque, dans la région de Tono, dans la préfecture de Gifu, les premiers objets en terre cuite furent cuits dans des fours “anagama”.  Au cours de la période Heian (794-1185), la porcelaine blanche fut améliorée grâce à une glaçure recouverte de cendres. Si, pendant longtemps, la céramique chinoise était particulièrement appréciée, l’essor de la cérémonie du thé et de l’esthétique wabi-sabi entre le 16ème au 19ème siècle, a contribué au développement artistique des poteries et à l’apparition de diverses techniques utilisées pour les céramiques de Mino comme la glaçure oribe, expliquée plus haut.

La caractéristique principale de la céramique de Mino est sa grande variété. Le style Mino ne correspond pas à un style unique. En effet, plus de 15 types de poterie sont enregistrés comme artisanat traditionnel comme par exemple la céramique setoguro, entièrement émaillée de noir ou encore shino, qui possède une couleur pourpre et des motifs sous la glaçure.
Au cours de la seconde moitié du 17ème siècle, des objets ménagers destinés à un usage quotidien ont commencé à être produits et des poteries recouvertes d’une glaçure blanche ressemblant à de la porcelaine firent leur apparition. Au cours de la période Meiji (1868-1912), diverses nouvelles techniques, telles que l’utilisation de feuilles de transfert en cuivre et la sérigraphie, ont été développées.

A la fin de la période Taisho (1912-1926), la mécanisation, poussée par l’approvisionnement en électricité, a augmenté le volume de production. Durant la période Showa (1926-1988), la céramique de Mino est devenue le style de poterie la plus produite au Japon, ce qui est encore le cas aujourd’hui !

Le Kutani yaki

Quatre petites assiettes en porcelaines japonaises colorées sur nappe verte
Porcelaines Kutani

Le Kutani yaki, originaire de la préfecture d’Ishikawa, est une forme de céramique japonaise raffinée et colorée, réputée pour ses motifs complexes et ses émaux vibrants. Remontant au XVIIe siècle, cette tradition céramique se distingue par ses techniques de peinture élaborées, ses motifs inspirés de la nature et de la mythologie, ainsi que sa palette de couleurs variée et audacieuse. Les poteries Kutani sont des œuvres d’art précieuses et des objets de décoration prisés, témoignant de l’expertise artisanale et de la créativité des potiers japonais. Découvrez nos dernières sélections dans les produits d’Ishikawa !

 

 

La porcelaine de Hasami

Vue de haut de trois assiettes en porcelaine japonaise avec motif bleu, sur fond blanc
Porcelaine Hasami

La porcelaine de Hasami est un type de céramique produit à Hasami dans la préfecture de Nagasaki. La ville de Hasami est adjacente à celle d’Arita, reconnue pour ses porcelaines très décorées et appréciées des Européens au cours des 17ème et 18ème siècles. Contrairement aux porcelaines réservées à l’export comme la porcelaine d’Arita, elle était produite à l’origine pour les Japonais et elle est encore aujourd’hui très courante au Japon.

À l’origine, les potiers de la région se concentraient sur la poterie classique. Au 17ème siècle, la découverte de kaolin dans la région et le savoir-faire de potiers coréens furent à l’origine de la céramique de Hasami. En effet, lorsque le shogun Hideyoshi envahit la Corée (1592-1598), les Japonais enlevèrent de nombreux artisans.
Le style produit à Hasami était plus local et discret qu’à Arita, où les couleurs et les motifs étaient souvent assez ostentatoires. Produites à la fois en faïence et plus tard en porcelaine, les céramiques de style Hasami présentent souvent un vitrage bleu céladon. Les artisans de Hasami se spécialisèrent dans la production de masse d’objets du quotidien. Progressivement, la production de porcelaine s’intensifia dans la ville et à la fin de l’époque Edo (1603-1868) la manufacture d’Ōmura, à Hasami, devint le plus grand centre de production de porcelaine du Japon. Le prix plus abordable des pièces produite à Hasami a largement contribué à leur utilisation généralisée au sein de la population japonaise. Par exemple, cette porcelaine était utilisée pour fabriquer les bols des stands de nourriture à emporter. Des fouilles archéologiques ont montré que ces derniers étaient bien souvent jetés dans les rivières par les clients après leur repas. La porcelaine de Hasami était également utilisée pour réaliser les contenants de sauce soja ou de saké, destinés à l’export.

Encore aujourd’hui, la porcelaine de Hasami est synonyme au Japon de quotidien et d’esthétique, et elle se renouvelle à travers des designs modernes et épurés, pratiques pour une utilisation quotidienne.

 

Comme vous avez pu le voir, la céramique japonaise est un trésor culturel et artistique qui reflète l’histoire, les traditions et les valeurs esthétiques du Japon. Des styles régionaux tels que la poterie Bizen, de Seto et de Tokoname aux traditions plus spécifiques comme le Mino Yaki, le Kutani Yaki et le Hasami Yaki, chaque forme de céramique japonaise incarne une esthétique distincte et une expertise artisanale unique. À travers ces différentes traditions céramiques, les potiers japonais continuent de perpétuer un héritage précieux tout en enrichissant le patrimoine artistique mondial avec leur créativité et leur savoir-faire. Que ce soit pour un usage quotidien ou comme œuvre d’art décorative, la céramique japonaise continue de captiver et d’inspirer les amateurs d’art et de culture à travers le monde, attestant de son importance continue dans le paysage artistique contemporain. N’hésitez pas à consulter notre catalogue d’art de la table pour trouver la porcelaine qu’il vous faut !

 

 

 

 

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