Saviez-vous que la fête des morts à lieu en été au Japon et qu’elle dure 3 jours ? Il s’agit de l’O-bon ! Un moment où l’on célèbre ses ancêtres en famille. On vous explique cette coutume très importante au Japon !
Qu’est ce qu’O-bon ?
O-bon correspond à la période de l’année où les esprits des êtres vivants décédés (être humains mais aussi animaux) et plus personnellement ceux de nos ancêtres reviennent sur terre à l’endroit où ils vécurent. Une fois par an, les japonais accueillent donc les esprits de retour sur terre, prient pour le repos des âmes tourmentées et font des offrandes. C’est l’occasion pour chacun de prendre quelques jours de congés et de rentrer chez soi, c’est à dire dans sa région natale, pour voir ses proches. Mais nous allons voir plus en détails comment se déroule la période d’O-bon au Japon et commençons par les origines de cette coutume.
L’origine bouddhique
Le terme O-bon est issu de la traduction en japonais du nom sanscrit d’un sutra bouddhique : le sutra Ullambana, traduit en japonais par Urabon ou Urabonne. Ce sutra sur la piété filiale est l’origine de la cérémonie O-bon encore pratiquée au Japon car on y découvre l’histoire qui a causé la naissance de cette cérémonie et les pratiques qui en découlent.
Un proche du Buddha Sakyamuni, prénommé Mokuren en Japonais, utilisa les dons qu’il avait développés grâce à ses pratiques bouddhiques pour retrouver l’esprit de sa défunte mère parmi les différents mondes. Il la retrouva dans le royaume des esprits affamés. Un endroit où les esprits à l’apparence décharnée souffrent d’une faim jamais assouvie. Malheureux et touché par le destin de sa mère, Mokuren s’en vint trouver Buddha pour lui demander son aide. Celui-ci lui répondit que sa mère payait les fautes accumulées dans ses vies antérieures et que seul, Mokuren ne pourrait pas la libérer de cette tragique destinée dictée par son mauvais karma. Il invita donc son disciple à joindre ses prières à celles des autres moines lors du 15ème jour du 7ème mois, jour propice après la retraite estivale des moines. Mokuren suivi les conseils de Buddha et fit de nombreuses offrandes de nourriture en plus de joindre ses mérites et sa force spirituelle à celles des autres moines permettant à sa mère de se libérer de son mauvais karma et de rejoindre le royaume des bienheureux. Pour en savoir plus sur le sutra lisez cet article sur l’Ullambana. La pratique fût transmise par les disciples de Buddha et depuis lors, une fois par an les offrandes faites aux morts allègent leur souffrance.
Héritée du bouddhisme la célébration de l’O-bon a été transmise au Japon, de même que le bouddhisme grâce à la Chine depuis très longtemps mais elle a bien évidemment beaucoup évoluée depuis. Déjà dans le Nihon Shoki, écrit japonais datant du 8ème siècle, il serait fait mention des origines de cette pratique à l’ère Asuka (6ème-8ème siècles). L’empereur Suiko, 33ème empereur du Japon aurait fixé les prémices de l’O-bon puis plus tard, l’empereur Shômu aurait instauré les premières cérémonies au sein du palais impérial. La coutume a ensuite été pratiquée par les familles de guerriers et les nobles japonais avant de se démocratiser à la période d’Edo (17ème-19ème siècle).
Les dates
L’O-bon n’est pas célébré aux mêmes dates dans tout le Japon. En effet, cette période de 3 jours peut avoir des dates différentes en fonction des calendriers. Ainsi dans la partie Est du Japon (Kanto) il est plutôt célébré entre le 13 et le 15 juillet, soit autour du 15ème jour du 7ème mois du calendrier Grégorien. Dans le Sud Ouest du Japon, il est davantage coutume de faire O-bon un mois plus tard, du 13 au 15 août afin d’être plus proche des dates du calendrier lunaire anciennement en vigueur. C’est d’ailleurs une des plus grosses périodes de congés japonais ! Enfin, certaines régions comme Shikoku célèbrent O-bon le 15ème jour du 7ème mois du calendrier lunaire, date qui change donc chaque année !
Les pratiques
Comme nous l’avons dit, O-bon dure trois jours.
Le premier jour on dépose une lanterne à l’entrée de sa maison afin de guider les esprits des ancêtres, de les aider à trouver leur chemin, c’est le “mukae-bi”. On installe également deux autels, un pour les ancêtres de la famille et un deuxième pour les esprits seuls. Ils sont garnis d’offrandes de nourriture comme des dango (boules de pâte de riz). Il est également coutume de créer avec un concombre et une courgette et des piques en bois un cheval et un boeuf. Le premier permettra à l’esprit de venir rapidement et le deuxième de repartir lentement. C’est également l’occasion d’aller nettoyer et prier sur les tombes de sa famille au cimetière afin de montrer son respect et de solidifier le lien entre les esprits et les vivants. On convie également un moine à prier devant l’autel familial vers le deuxième jour. Le dernier soir on allume le “okuri-bi”, un feu guidant les esprits sur leur retour vers le monde des esprits.
Dans de nombreuses régions, O-bon est l’occasion de grandes fêtes, les célèbres matsuri japonais. A Osaka par exemple, un énorme feu en forme de caractère chinois est mis en place le dernier jour d’O-bon. Dans le même esprit, on retrouve de nombreux O-bon Odori comme le renommé Awa Odori ! Cette danse très simple a pour but de commémorer le départ des esprits. Les prémices remonteraient à l’époque Heian (8ème-12ème siècles) où des moines boudhistes dansaient en récitant le nom de Buddha. L’O-bon Odori s’est ensuit démocratisé à l’époque Kamakura (12ème-14ème siècles) perdant peu à peu le fort poids religieux pour devenir un divertissement populaire encore très pratiqué à cette période de l’année. A l’époque Muromachi (14ème-16ème siècles), les taiko (tambours) font leur apparition comme instruments indispensables de l’O-bon Odori !
La nourriture d’O-bon
Étant d’origine bouddhique, il paraît censé que la nourriture d’O-bon soit liée à cette religion. En réalité, il n’y a aucune obligation mais c’est l’occasion de vous parler de la cuisine monastique japonaise appelée Shôjin-ryori, “la nourriture spirituelle”. Encore de nos jours servies dans les temples et leurs alentours pour le plus grand plaisir des curieux, cette cuisine respecte quelques règles. Le Buddha Sakyamuni ayant déclaré mauvais de tuer une créature vivante, la shôjin-ryori est une cuisine végétalienne sans aucun produit carné. Il est également interdit d’y utiliser les plantes de la familles de liliacées telles que l’ail, l’oignon ou la ciboule car leur odeur ne facilite pas la méditation et pour les consommer il faut “tuer” la plante en la déracinant. Enfin, pour cuisiner de la shôjin-ryori, il faut utiliser les cinq saveurs (sucré, salé, amer, acide et umami), cinq couleurs (rouge, blanc, vert, jaune et noir) ainsi que cinq modes de cuisson (cru, bouilli, grillé, frit et cuit vapeur). Véritable expérience culinaire aussi bien au niveau de la préparation que de la dégustation, la nourriture spirituelle permet de continuer le travail d’appréhension du monde et de méditation.
Si vous souhaitez quelque chose de plus consistant, on consomme également des plats comme les somen, symbole de l’été, ou bien des tempura dans certaines régions ! Ca tombe bien car en plus d’un mix pour tempura nous avons un nouveau produit à base de riz qui rajoutera du croquant à vos tempuras : des fines billes de riz croustillantes appelées arare. Besoin d’une recette pour les tempura ? Rendez-vous dans les stories à la une du Matcha Café ou Laure la fondatrice vous donne sa recette de tempura de légumes. Un bon compromis entre diététique, gourmandise et spiritualité non?
Sources : お盆とは – 時期とやること、過ごし方、意外と知らない成り立ちと作法, La cérémonie Ullambana du 15ème jour du 7ème mois lunaire, L’O-bon : quand les esprits reviennent dans le monde des vivants visiter leur famille, Les principes de la shojine (shōjin ryōri),